Le Fils de l’Homme

« La Prière »

Message du Fils de l’Homme.

[…]

Il est préférable au cours d’une prière de n’émettre qu’une seule pensée intuitivement ressentie, afin d’éviter toute confusion.

C’est ainsi que le Christ n’a nullement voulu que le « Notre Père » soit récité d’une seule traite, mais Il a simplement donné en résumé tout ce qu’une personne animée d’un vouloir sincère peut demander en premier lieu avec la certitude d’être exaucée.

Ces requêtes renferment l’essentiel de tout ce qui est nécessaire à l’être humain pour son bien-être physique et son ascension spirituelle. Mais elles offrent bien davantage encore : elles indiquent en même temps les lignes directrices que doivent suivre les aspirations de l’être humain au cours de sa vie terrestre. La façon dont les requêtes sont agencées est un chef-d’Œuvre en soi.

Le « Notre Père » à lui seul peut tout donner à celui qui cherche, à condition qu’il prenne la peine de l’approfondir et de le saisir correctement.

Il n’aurait en fait besoin de rien d’autre que du « Notre Père », qui lui offre l’Évangile entier sous la forme la plus concise. Pour celui qui est à même de le vivre comme il se doit, il est la clé donnant accès aux hauteurs de Lumière. Il peut être pour chacun à la fois l’appui et le fanal en vue de son évolution et de son ascension, tant il renferme d’incommensurables richesses.

Cette richesse à elle seule témoigne du but véritable du « Notre Père », Jésus donna à l’humanité la clé du Royaume de Dieu dans le « Notre Père » : il est la quintessence de Son Message. Mais il n’entrait pas dans Ses intentions que cette prière soit récitée machinalement comme on a coutume de le faire.

Il suffit à l’être humain d’y prêter attention après avoir prié pour reconnaître par lui-même combien il fut distrait et à quel point la force de son intuition a été affaiblie en récitant d’affilée les différentes requêtes, même s’il les connaît parfaitement. En effet, il lui est impossible de conserver toute la ferveur que requiert une prière authentique en passant rapidement dans l’ordre d’une requête à l’autre.

Conformément à Sa nature, Jésus a rendu toutes choses faciles à l’humanité ; l’expression exacte serait : « d’une simplicité enfantine ». Il a tout particulièrement recommandé : « Devenez comme des enfants ! », c’est-à-dire pensez aussi simplement qu’eux, et cherchez aussi peu de complications.

Jamais Il n’aurait attendu de l’humanité quelque chose d’aussi impossible que de réciter d’un bout à l’autre le « Notre Père », étant donné la concentration qu’exige cette prière.

Voilà qui doit donc convaincre l’humanité qu’en donnant le « Notre Père » Jésus voulait quelque chose d’autre, quelque chose de plus grand. Il donna la clé du Royaume de Dieu, et non une simple prière !

Multiplier les requêtes dans une prière l’affaiblira toujours. Un enfant non plus ne vient pas trouver son père avec sept demandes à la fois, il lui parle au contraire uniquement de ce qui lui tient le plus à cœur à ce moment précis, qu’il s’agisse d’une peine ou d’un souhait.

[…]

« Le Notre Père »

Message du Fils de l’Homme.

Peu nombreux sont les hommes qui cherchent à prendre conscience de ce qu’ils veulent réellement lorsqu’ils disent le « Notre Père ». Plus rares encore sont ceux qui savent vraiment quel est le sens des phrases qu’ils récitent. Réciter est bien le seul terme qui convienne à cet acte qu’on appelle ici prier.

Quiconque s’analyse sans ménagement doit en convenir, sinon il donne la preuve que toute sa vie se déroule d’une manière superficielle et qu’il fut et demeure incapable de réfléchir profondément.

Il ne manque certes pas de gens sur cette terre qui se prennent au sérieux ;mais personne, même avec la meilleure volonté, ne parvient à les prendre au sérieux.

C’est précisément le début de cette prière qui, de tout temps, a été mal compris bien que ce soit de façons différentes. Ceux qui s’efforcent d’aborder cette prière avec sérieux, donc avec un certain bon vouloir, sentent naître dans leur âme, dès les premiers mots, un certain sentiment de sécurité, un apaisement de l’âme. Ce sentiment reste prédominant en eux quelques secondes encore après la prière.

Ceci met en lumière deux choses. Premièrement : celui qui prie ainsi n’arrive pas à soutenir sa concentration au-delà des premiers mots, ce qui lui a permis de faire naître ces sentiments en son for intérieur. Secondement : le déclenchement de ces sentiments montre précisément combien celui qui les éprouve est loin de saisir le sens des mots prononcés !

Il témoigne ainsi, soit de son incapacité à maintenir en lui une certaine concentration de la pensée, soit encore de sa superficialité. Sinon, dès que les mots suivants se seraient mis à « vivre » réellement en son cœur, un autre sentiment aurait dû naître en lui, correspondant au contenu différent de ces mots.

Or, le sentiment qui persiste en lui est celui que les premiers mots avaient fait naître. S’il en avait pu saisir le sens exact et la signification réelle, il eût éprouvé un sentiment tout autre que celui d’une paisible sécurité.

D’autres personnes plus présomptueuses, voient dans le mot « Père » la confirmation de leur filiation divine directe, l’assurance de revêtir elles-mêmes un caractère divin au terme d’un développement spirituel bien conduit. Pour l’instant, elles ont la certitude de porter déjà en elles quelque chose de divin. Et il existe parmi les hommes une foule d’autres interprétations erronées à propos de cette phrase.

Mais la plupart des gens y voient un simple appel, une invocation initiale ! Ceci les dispense alors de toute réflexion et leur permet de la prononcer machinalement, alors qu’une invocation à Dieu devrait être dite avec toute la ferveur dont l’âme peut être capable.

Tel n’est cependant ni le sens ni la raison d’être de cette première phrase. Par le choix même des paroles, le Fils de Dieu a expliqué et donné à entendre de quelle manière l’âme humaine doit aborder la prière, dans quelles dispositions elle peut et doit se présenter devant Dieu pour que sa requête soit entendue. Il précise quelle doit être, en cet instant, la disposition de cette âme, à quel état de pureté son intuition doit parvenir, si elle désire déposer sa requête au pied du trône de Dieu.

Dans son ensemble, la prière comprend trois parties. La première renferme l’offrande, le don total de soi que l’âme fait à son Dieu. Disons pour rendre une image : elle se déploie tout entière devant Lui et, avant de présenter sa requête, Lui donne le témoignage de la pureté de son propre vouloir.

Le Fils de Dieu entend préciser ainsi quel état intuitif peut seul permettre à l’âme de s’approcher de Dieu ! C’est pourquoi, les mots par lesquels s’ouvre la prière :

« Notre Père qui es aux cieux ! »

…se présentent comme un serment solennel et sacré.

Considérez que prier ne signifie pas nécessairement solliciter, sinon il n’y aurait pas de prières d’actions de grâces, qui, elles, ne contiennent aucune requête. Prier n’est pas solliciter. En cela déjà, le « Notre Père » a depuis toujours été mal compris. La cause en est cette mauvaise habitude qu’ont les hommes de ne jamais se présenter devant Dieu sans attendre de Lui quelque faveur et même la réclamer. Dans toute attente se cache, en effet, déjà une exigence. Et, de ce fait, l’homme, en priant, espère toujours recevoir quelque chose : impossible de le nier. N’y eût-il en lui, sommairement parlant, que l’espérance confuse d’obtenir un jour sa place au ciel.

Le transport de reconnaissance dans l’allégresse de cette existence consciente qui lui est accordée afin qu’il collabore au sein de l’immense création au bien de tous comme Dieu le veut, comme Il est en droit de l’attendre de lui, l’homme l’ignore ! Il ne pressent même pas que c’est cela, et cela seul qui renferme son réel et propre salut ainsi que son progrès et son ascension.

C’est sur ce fondement établi par la Volonté de Dieu que repose en vérité la prière : « Notre Père » ! Le Fils de Dieu n’aurait pu la formuler autrement, car Il ne voulait que le bien des hommes, ce bien qui n’a pas d’autre source que l’observance et l’accomplissement exacts de la Volonté divine.

La prière qu’Il a donnée n’est donc pas une sollicitation. C’est au contraire un engagement total, un serment solennel de l’homme qui se jette ainsi au pied du trône de son Dieu ! Jésus l’a donnée à ses disciples alors qu’ils avaient accepté de vivre dans la pure adoration de leur Dieu, de Le servir par leur manière de vivre dans la création et d’honorer ainsi Sa Sainte Volonté !

L’homme devrait donc mûrement réfléchir avant de se risquer à prononcer cette prière ; il devrait examiner avec le plus grand soin si, en y recourant, il n’essaie point de donner en quelque sorte le change à son Dieu.

Les phrases d’introduction disent clairement que chacun doit faire son examen de conscience pour s’assurer s’il est bien tel que les paroles qu’il prononce le laissent entendre et s’il ose alors paraître sans masque trompeur devant le trône de Dieu !

Mais si vous vivez pleinement en vous-mêmes les trois premières phrases de la prière, elles vous conduiront devant les marches du trône de Dieu.

Elles sont la voie qui y conduit, sitôt qu’elles commencent à « vivre » dans une âme. Aucune autre voie n’y mène. Mais celle-là y mène avec certitude ! Si, au contraire, ces phrases demeurent lettre morte, aucune de vos requêtes ne pourra parvenir au but.

Quand vous osez dire :

« Notre Père qui es aux cieux »

…ces paroles doivent retentir comme un appel plein d’humilité, mais aussi de joie !

Dans cet appel doit s’inclure votre sincère profession de foi :

« Je reconnais, ô Dieu tous Tes droits paternels sur moi. Je veux m’y soumettre respectueusement comme un enfant. Je reconnais aussi Ta souveraine Sagesse, ô Dieu, qui éclate dans chacun de Tes décrets et je Te supplie de disposer de moi comme un père dispose de ses enfants ! Me voici, Seigneur, prêt à T’écouter et à T’obéir en toute candeur ! »

Dans la seconde phrase :

« Que Ton Nom soit sanctifié ! »

…l’âme en prière donne l’assurance que tout ce qu’elle dit à Dieu recèle une sincérité profonde, qu’elle se concentre intuitivement dans chacune de ces paroles et de ces pensées, qu’elle ne prononce pas en vain le Nom de Dieu ! Car ce Nom lui est beaucoup trop sacré pour cela !

Vous qui priez, réfléchissez à ce serment que constituent ces paroles ! Si vous voulez être d’une totale loyauté envers vous-mêmes, vous serez forcés de reconnaître que jusqu’ici, vous, les hommes, avez menti à la face de Dieu. Car jamais encore vous n’avez prononcé cette prière avec le profond sérieux que le Fils de Dieu, dès l’abord, établit comme condition dans ces paroles.

La troisième phrase :

« Que Ton règne vienne ! »

…n’est pas non plus une requête, mais un autre serment ! L’âme humaine s’y déclare prête à rendre sur terre toutes choses pareilles à ce qu’elles sont dans le Royaume de Dieu.

D’où cette parole :

« Que Ton règne vienne à nous ! ».

Elle signifie : nous voulons faire en sorte que Ton règne puisse s’étendre jusqu’ici, sur cette terre. Notre tâche est de préparer le terrain de telle façon que tout puisse vivre ici-bas en harmonie avec Ta Sainte Volonté, dans la pleine observance des lois de la création. Que tout puisse vivre ici-bas à l’image de ce qui se passe au sein de Ton Royaume, du Royaume de l’Esprit où vivent les esprits mûris, délivrés de tout fardeau, de toute faute, ces esprits qui vivent uniquement pour servir la Volonté de Dieu, le bien ne pouvant naître que de cet accomplissement fidèle, grâce à la perfection qu’Elle renferme. Cette phrase constitue donc la promesse formelle de vouloir devenir tel que la Terre elle-même, grâce à l’âme humaine, devienne elle aussi un Royaume où s’accomplit la Volonté deDieu.

La phrase suivante vient encore renforcer cette promesse :

« Que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! »

Ce n’est pas seulement se déclarer prêt à se plier entièrement à la Volonté divine ; c’est aussi promettre de se soucier de cette Volonté et d’aspirer ardemment à reconnaître cette Volonté. Cette aspiration doit, en effet, précéder l’observance de cette Volonté ; car, tant que l’homme ne La connaît pas réellement, il ne saurait y conformer ses intuitions, ses pensées, ses paroles et ses actes.

De quelle monstrueuse et coupable insouciance l’homme ne témoigne-t-il pas en renouvelant constamment devant Dieu ces promesses, alors qu’en réalité, il ne se préoccupe nullement de savoir en quoi consiste la Volonté divine fermement ancrée dans la Création. L’homme ment à chaque mot de sa prière lorsqu’il ose la prononcer ! Il agit en hypocrite envers Dieu. Sur d’anciennes fautes, de nouvelles viennent s’amonceler sans trêve. Il se croira finalement digne de pitié quand, dans la matière subtile de l’au-delà, il devra succomber sous le poids de ses fautes !

Ce n’est qu’après avoir satisfait à toutes les exigences contenues dans ces phrases que l’âme peut poursuivre :

« Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ! »

C’est-à-dire :

« Lorsque j’aurai moi-même accompli ce que j’ai promis d’être, laisse alors Ta bénédiction descendre sur mon activité terrestre afin que, tout en accomplissant mes devoirs matériels, je garde toujours le temps de vivre selon Ta Volonté ! »

« Et pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ! »

Le contenu de cette phrase implique la connaissance de la juste et incorruptible fonction de réciprocité des lois spirituelles qui expriment la Volonté de Dieu. On y retrouve aussi l’assurance d’une entière confiance en cette loi. En effet, le pardon, c’est-à-dire la délivrance d’une faute que l’on implore, est basé sur la condition que l’âme humaine ait elle-même au préalable accordé à son prochain le pardon de tous les torts qu’il lui a causés.

Celui qui en est capable, celui qui a déjà tout pardonné à son prochain, est parvenu à un tel degré de pureté intérieure qu’il ne causera jamais de tort, intentionnellement. Ainsi, devant Dieu, un tel homme est libéré de toute faute car, devant Lui, seul un acte commis avec la volonté de nuire est considéré comme un tort. Ce n’est qu’ainsi qu’un acte devient une faute. Sous ce rapport les lois humaines et les conceptions terrestres actuelles sont totalement différentes.

Ainsi, cette phrase a-t-elle de nouveau pour base une promesse que fait à Dieu toute âme aspirant à la Lumière. Elle est une déclaration de son vrai vouloir ; en se recueillant et en parvenant à la connaissance d’elle-même, elle espère, par la prière, obtenir la force d’accomplir ce vouloir, force qu’elle obtiendra conformément à la loi de la réciprocité des effets si elle possède la disposition intérieure requise.

« Et ne nous induis pas en tentation ! »

L’homme se trompe en voulant déduire de ces paroles que Dieu pourrait le tenter. Dieu ne tente personne ! Il ne s’agit ici que d’une transmission douteuse du texte où l’on a adopté, bien improprement, ce mot de tentation. Dans son vrai sens, ce terme rejoint les conceptions de s’égarer, se perdre, donc faire fausse route, se tromper dans la recherche sur la voie qui mène à la Lumière.

Il faudrait donc dire :

« Ne nous laisse pas faire fausse route, chercher sur la mauvaise voie, ni gaspiller notre temps, le perdre dans l’inaction ! Mais, s’il le faut, retiens-nous de force quand bien même il devrait en résulter pour nous des souffrances ou du chagrin. »

Pour l’homme, ce sens doit s’en dégager par le membre de phrase qui suit et qui, d’après sa teneur même, est lié étroitement à la précédente :

« Mais délivre-nous du mal ! »

Le « mais » indique clairement l’interdépendance des deux phrases. Le sens en est :

« Accorde-nous coûte que coûte de reconnaître le mal, dussions-nous en pâtir. Accorde-nous, selon les effets de Ta loi de la réciprocité, de le discerner à chaque faute que nous commettons ».

Car c’est en reconnaissant leurs fautes que les hommes de bonne volonté en seront aussi délivrés.

Ainsi s’achève la deuxième partie, le dialogue avec Dieu. La troisième partie en forme la conclusion :

« Car c’est à Toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire aux siècles des siècles. Amen ! »

C’est l’exultant aveu de l’âme de se sentir en sécurité dans la Toute-Puissance divine lorsqu’elle accomplit tout ce qu’elle a déposé dans sa prière au pied du trône de Dieu comme un serment !

Cette prière que le Fils de Dieu a donnée comprend donc deux parties : l’introduction où l’homme s’approche de Dieu, puis le dialogue.

Enfin l’exultant aveu dû à Luther, la certitude du secours divin qui permettra la réalisation de tout ce que contient le dialogue, l’assurance pour l’âme d’obtenir la force nécessaire pour accomplir ce qu’elle a promis à son Dieu. Cet accomplissement doit alors transporter l’âme dans le Royaume de Dieu, règne de la Lumière et de l’éternelle Joie.

Ainsi, le « Notre Père », s’il est réellement vécu, devient-il un guide et un appui dans l’ascension vers le Royaume de l’Esprit.

L’homme ne doit point oublier qu’à vrai dire il doit, dans une prière, uniquement puiser la force pour pouvoir réaliser lui-même ce qu’il demande.

C’est ainsi qu’il doit prier et c’est dans ce sens que le Fils de Dieu a donné cette prière à Ses disciples !